Dans le cadre de V Forum International des Fêtes Taurines Populaires organisé par le Collège Vétérinaire de Cáceres, André Viard présentera l'ambitieux projet culturel développé par le Union des villages taurins de France sous le titre « L'homme et le taureau : de la ritualisation de la chasse à la sécularisation des jeux ».

S'appuyant sur un important fonds documentaire rassemblé grâce à la collaboration de nombreux archéologues, préhistoriens, paléontologues, restaurateurs… la thèse présentée, qui donnera naissance à un documentaire, un e-book et une application tactile, montre la relation qui unit les race humaine au genre Bos pendant 1 600 000 ans, à partir du moment où Homo Ergaster (l'homme artisan) est devenu chasseur des ancêtres géants de l'aurochs et du taureau actuel.

La thèse soutient que l'on peut distinguer trois périodes fondamentales : au Paléolithique inférieur et moyen les chasses aux Homo érectus Ils sont simplement utilitaires (manger, s'habiller, fabriquer des outils en os…) ; puis, au Paléolithique supérieur, avec l'émergence de la pensée symbolique, avec Néandertal à Pinilla puis Homo sapiensl'aurochs acquiert une dimension supérieure à celle de toute autre espèce, comme le montre l'art pariétal ; Cette dimension mythique qui lui est attribuée fait de lui un héraut, un bouclier ou une représentation des principaux dieux apparaissant dans les premières civilisations à partir du Néolithique.

Les chasses, qui n'étaient qu'utilitaires, acquièrent alors une dimension supérieure : vaincre le taureau – privilège de la royauté – revient à lui attribuer des vertus (force, bravoure, fertilité) et ainsi renforcer le prestige de celui qui y parvient. La chasse de l'aurochs et de son taureau descendant intègre alors de nombreux rituels de fertilité ou funéraires dans tout le milieu méditerranéen et dans les territoires de la culture indo-européenne jusqu'à la lointaine Sibérie.

Le but de ces rituels reste le même que celui de la chasse – tuer le taureau – mais il est d'abord mis au défi en risquant sa propre vie à travers divers « jeux » joués au Dieu. Les plus connus sont les célèbres sauts présentés dans Cnossos Il y a 3750 ans, mais ils existaient au moins 6 millénaires plus tôt.

Finalement, ces chasses ou jeux ritualisés se sécularisent au temps de Rome: la chasse ou le combat du taureau dans les amphithéâtres n'a plus d'origine sacrée ou religieuse et la tauromachie des 'taurarii' Cela devient un spectacle dans lequel est offerte la mort du taureau avec une lance ou une épée, mais aussi toute la chance qui survit aujourd'hui dans les fêtes populaires : sauts, coupures, cordes, coups…

De là, dès la chute de Rome Jusqu'à présent, la tauromachie se développera dans le domaine profane, évoluant à partir des chasses de loisir menées par les rois wisigoths et francs dans les jungles et les montagnes de Espagne et Francejusqu'à ce qu'il soit pratiqué à la périphérie des villes pour que le peuple puisse vérifier la bravoure de ses seigneurs, avant d'entrer sur les places de la ville, où, des siècles plus tard, les laquais des cavaliers deviendront de nouvelles idoles du peuple lorsque l'un d'eux inventera le muleta, permettant, outre la poussée reçue, la naissance de la tauromachie.

La conférence, qui bénéficiera d'un large support iconographique, aura lieu samedi à 17h45 dans l'auditorium du Complexe Culturel San Francisco de Cáceres.