Pour JAVIER VILA

hoh ‘cousins’ et COUSINS. Les premiers sont ces êtres (généralement des humains) qui ont tendance à ne pas tenir compte, crédules jusqu’à des limites impensables, et qui agissent en conséquence de leur manque de jugement. Les seconds, les COUSINS sans guillemets et en majuscules, sont ceux qui viennent au secours de ce COUSIN nommé ‘cousin’, pour le sortir de cette petite et sale ruelle, dans laquelle il s’est mis à croire que c’était, en réalité, une piste d’aéroport, large et avec de l’espace pour « décoller » bien que sans autorisation d’atterrir.

Et voir cette Coupe du Monde qui se joue où ni Joselito et Belmonte ils n’auraient jamais combattu, je me demande pourquoi la tauromachie a été si « cousine » qu’elle a perdu en popularité et en intérêt alors que son football « similaire » l’a gagnée, et je me demande ce que ceux du roi des sports ont fait pour avoir converti leur « moi » en quelque chose de (presque) indestructible. Et la première chose que je pense, c’est que ces gars-là ont été capables de quelque chose d’aussi difficile que de changer au fil des ans la raison pour laquelle les fans achètent un billet et s’assoient dans un stade.

Parce qu’on ne va plus au foot pour voir ‘nos’ joueurs, ceux qui nous faisaient sentir qu’ils étaient notre prolongement sur le terrain, celui de nos enfants, celui de nos bars, celui de notre quartier après tout, ce quartier universel et celui traversé les frontières de la ville dans certains cas pour continuer à être un quartier. Nous avons joué dans la rue et nos joueurs l’ont fait pour nous dans le Calderón, à Mestalla ou à San Mamés. Mais aujourd’hui, peu importe à quel point ils essaient, ce n’est pas le cas, comment quelqu’un dont on ne sait même pas prononcer son nom joue-t-il pour nous ?

Parce qu’aujourd’hui nous allons dans un stade comme celui qui va dans un théâtre avec des règles de casino, nous allons « être témoins » de la façon dont ils jouent pour le meilleur ou pour le pire, pariant notre joie sur l’une des deux couleurs, généralement la même que nous avons grandi comme les enfants qui regardaient nos parents s’identifiaient à ces joueurs portant la même couleur. Mais la réalité est que, bien qu’il ait perdu son essence, le football est plus fort que jamais, plus puissant que jamais et avec plus d’adeptes que jamais. Et, miraculeusement, vivre avec (presque, ne nous trompez pas non plus) plus de passion que jamais.

Et quand je compare cette évolution (réussie) du football avec celle de la tauromachie, je pense qu’elle est encore coincée dans le pourquoi, comment et où voir une corrida, alors que le football a su changer les règles (on ne peut plus même prendre un penalty sans être vu car ils vous voient toujours), améliorer le confort des stades et surtout vendre une image telle que (presque) personne n’a rien dit pour avoir joué un monde dans un pays où les femmes ne peuvent pas être des femmes, etc, etc.

Pour en revenir à la tauromachie, et même si le football n’a jamais été et ne sera jamais (heureusement), je crois qu’ouvrir des voies d’évolution est une nécessité plutôt qu’un outrage. Nous mettons des limites et des barrières infranchissables dans tous les sens : les cahiers des charges, les accords, les modalités d’embauche des toreros et des élevages, l’état déplorable de certaines arènes. Et bien sûr, on brûle quiconque remet en question la dynamique immuable des trois tiers. Concernant ce dernier, juste une question, peut-on imaginer un taureau sans six banderilles sur le dessus et sans saigner jusqu’au sabot ? Je n’ose pas dire oui, mais c’est un fait que la photo animalière serait beaucoup moins impressionnante. .

A notre décharge de « cousins », il est vrai que nous jouons avec l’avantage d’être quelque chose qui, au fond, est l’hôte. Nous avons la chance d’avoir ces héros brillants qui risquent leur vie parce qu’ils en ont envie, et les agriculteurs, qui élèvent un animal qui, étant devenu le COUSIN de jus de soleil, il quitte sa vie en attaquant un drap rouge, par en dessous et jusqu’au bout (miraculeusement aussi parce qu’il en a envie). Contrairement au lion de cirque qui est passé par le cerceau parce que c’est comme ça qu’ils l’avaient dressé.

Et quand j’explique ça aux COUSINS de mes filles (qui, soit dit en passant, sont les meilleurs COUSINS du monde), elles me disent que si elles leur disaient pourquoi et comment un taureau de combat charge leurs amis footballeurs, elles paniqueraient.

Et ils ne comprennent pas pourquoi on l’explique si peu et si mal.