Salvador Sánchez, « Frascuelo », de Grenade, né à Churriana de la Vega (23-12-1842), d’où il émigra avec sa famille à l’âge de 10 ans, et devint torero à Madrid, était une figure taurine qui a concouru, de vous à vous, avec Rafael Molina, « Lagartijo », le premier calife de la tauromachie de Cordoue, qui a dit de la Grenade, « Si c’est un bon Frascuelo qui le veut, accompagnez-moi! ».
Frascuelo était un torero coriace, qui a réussi à déplacer les gens vers des limites insoupçonnées grâce à son courage, son courage, son cœur, son dévouement total, mais naturellement aussi grâce à son art et à son habileté.
Déjà à la retraite, il rédigea ses commandements taurins, qui furent publiés par le critique taurin Don Maximiliano Clavo (Corinto et or), dans la revue Mundo Grafico, le 26 mars 1925, et que nous exposons :
• Premièrement : Aimez Paquiro par-dessus tout les nattes.
•Deuxièmement : ne jurez pas que vous allez entrer dans l’arène et ne vous approchez de rien.
•Troisièmement : Sanctifier la fête espagnole, en comprenant que la sanctifier n’est pas jeter le bâton.
•Quatrièmement : honorez les fans qui donnent ce qu’on leur demande et plus qu’ils ne le peuvent.
• Cinquième : Ne tuez pas comme Rafael el Gallo.
• Sixièmement : Ne broyez pas tant les taureaux ou les spectateurs.
• Septièmement : Ne volez pas l’aine des cornus, ni ne volez autant de billets qu’on le fait.
• Huitième : Ne dites pas dans les télégrammes que vous étiez colossal et que votre partenaire était désastreux.
• Neuvième : Ne voulez pas de la cupletista ou de la super-tanguista de votre voisin.
• Dixième : Ne convoitez pas le contrat du collègue ; ni le matelas du cordonnier, du ferblantier et du tapissier, quand le matelas va au prêteur sur gage et ne voit alors que fuir les toreros en haut, en bas, à droite et à gauche.
Ces commandements reflètent parfaitement sa personnalité d’homme et de torero, ainsi que dans les phrases suivantes qu’il a prononcées : « S’il n’y a pas de danger, il n’y a pas d’émotion ; et là où il n’y a pas d’émotion, il n’y a pas de corrida possible » ; « Il est essentiel, il est tout à fait nécessaire que la maîtrise accompagne le courage et que la capacité aille de pair avec l’intrépidité. »
Nous croyons que ses deux réflexions sont pleinement valables, et ses commandements, avec de petites modifications pour les adapter aux temps modernes, également.
Rafael Comino Delgado