Il y a un an, nous avons parlé avec Juan Ortega mais dans des circonstances différentes.

Son nom figurait sur l’affiche du 15 août, comme cette année, mais à la différence qu’à cette époque, les supporters madrilènes ne le connaissaient pas.

Ce jour-là, il a arrêté ces après-midi qui montrent et découvrent un torero avec de la personnalité, avec ce quelque chose qu’il faut avoir pour émouvoir les gens. Cette oreille et ses deux tâches lui ont permis de se battre à Las Ventas le dimanche de Pâques, un après-midi à San Isidro et maintenant il fait face à son troisième engagement sur cette place en 2019 avec des idées très claires.

Un an plus tard, des sensations différentes ?
Je ne vais rien découvrir en te disant que quand tu vas à Madrid tu risques tout, mais c’est vrai que j’ai un avantage par rapport à l’année dernière. Les gens me connaissent et surtout les gens attendent quelque chose de moi et c’est très important. Maintenant, je vous parle en tant qu’amateur, ce n’est pas la même chose que si vous êtes assis dans une arène et que vous exigez quelque chose du torero devant vous, vous êtes intéressé à voir quelque chose de spécifique. Ça me motive beaucoup, ça me prédispose beaucoup et l’année dernière personne ne me connaissait. Même date, même lieu, même responsabilité mais statut différent.

Vous n’aviez pas d’options à San Isidro, vous avez laissé des détails l’après-midi du dimanche de Pâques et maintenant le troisième après-midi à Madrid. Y auriez-vous pensé il y a un an dans ces moments précédents ?
Non, surtout parce que l’une des choses qui m’attriste le plus dans la vie, c’est l’indifférence. Le torero ne doit pas se limiter à vouloir frapper un taureau avec des coups droits et des naturels car parfois les circonstances ne le permettent pas, mais la tauromachie est très longue et très riche pour se limiter à cela. Le torero doit savoir combler tout ce qui manque dans l’après-midi, tout ce qui manque au taureau, tout ce que les circonstances ne facilitent pas. Cela m’a toujours beaucoup inquiété parce que j’aime voir un torero qui complète tout pour moi, pas seulement frapper des naturels avec une main basse. Tout est tout, de la façon dont il est habillé, comment il ramasse les affaires, comment il manie les taureaux, la présentation des tours… toutes ces choses font qu’un après-midi sans contenu apparent finit par quitter l’arène avec un bon arrière-goût . Je n’ai pas vu un grand travail mais j’ai vu quelque chose, pour moi c’est très important.

Je ne sais pas si vous faites partie de ceux qui voient le verre à moitié plein ou à moitié vide. Votre nom a sonné pour Fallas, pour Séville et à la fin rien. Vous attendiez-vous à plus de ce 2019 en début de saison ?
Ce qui se passe, c’est que ce qui est dit de la réalité est différent. Au final, pour qu’un homme d’affaires vous remette à sa place, il faut l’intéresser. Intéressant économiquement, artistiquement et finalement il faut amener les gens sur la place. Toutes ces choses vous sont données par un triomphe et jusqu’à ce qu’il arrive, il y a des commérages mais la réalité est différente. Si vous n’êtes pas capable d’arracher les oreilles d’un taureau, les portes ne s’ouvrent pas, vous pouvez déjà être le torero le plus exquis du monde et la réalité est que et je le savais. Je n’ai jamais été submergé par le fait de ne pas me voir sur ces panneaux d’affichage.

Mais il sera difficile d’ignorer tout cela.
J’ai toujours été clair sur les démarches à suivre mais force est de constater que vous ne restez pas indifférent. Ces foires ont lieu et vous aimeriez être sur ces panneaux d’affichage, mais je n’étais ni obsédé ni inquiet… peut-être que Séville m’inquiétait davantage parce que je pensais que c’était un endroit où j’aurais pu entrer, mais les autres l’ont vu comme très difficile.

Comment avez-vous remarqué et ressenti les supporters madrilènes ces deux après-midi cette année après la bonne tauromachie que vous avez laissée derrière vous l’an dernier ?
Surtout, ce que j’ai ressenti, c’est qu’ils m’ont beaucoup respecté. Madrid est une arène impatiente que lorsque les conditions ne voient pas le taureau, il ne finit pas de prendre son envol et il faut immédiatement couper. J’ai ressenti les deux après-midi, en particulier le dimanche de Pâques, que les gens voulaient et s’attendaient à voir quelque chose de moi et avaient ce degré de patience avec moi.

Avez-vous traité quelque chose de Martín Lorca ?
Jamais, je n’ai été tentant sur le terrain mais je n’ai jamais eu affaire à aucun de ces animaux.

Et la veille tu combats à Gijón et ferme août à Bayonne.
Gijón est une belle opportunité car elle est télévisée et c’est aussi une foire importante, puis Madrid, il n’y a pas besoin de parler de son importance, et je clôturerai le mois d’août à Bayonne, qui peut m’ouvrir les portes de la France. Il y a trois opportunités dont je dois profiter.